Emotions et raison en complémentarité

On oppose souvent les 2. Mais « avoir tort » d’être en colère ou d’avoir peur n’enlève pas l’émotion correspondante (cf « mais je n’arrive pas à me calmer » – 19 février 2016).

 Au pays de Descartes, la raison a tendance à dominer. Cela ne fait pas si longtemps que les émotions ont trouvé leur place en milieu professionnel. La croissance du coaching y est pour beaucoup (ou est-ce l’inverse ?).

 En illustration de cette complémentarité, et à (re) découvrir : la « boîte à outils pédagogiques » du théâtre associé à l’expertise.

D’un côté il y a le théâtre d’entreprise : communiquer, informer, former, accompagner, aider à comprendre, faire réagir… et aussi fêter, reconnaître, célébrer, inaugurer.

Si les moyens utilisés par le théâtre sont originaux et plutôt ludiques, les objectifs du théâtre d’entreprise n’en sont pas moins sérieux et pragmatiques. L’essentiel de sa mission est de contribuer à la prise de conscience de chacun de sa propre capacité à progresser et à changer. La place du jeu est rare en entreprise : le public est donc surpris mais bien disposé. Les problèmes sont abordés, identifiés et partagés. Le théâtre d’entreprise, sans être dans le registre de la tragédie d’Aristote, joue néanmoins ce rôle de catharsis (libération des passions, exorcisme des craintes, accomplissement des désirs) dans des actions de formation.

De l’autre, il y a les sujets de la diversité, de l’égalité professionnelle, de la mixité des emplois, des discriminations. Des thèmes déjà anciens si l’on repense à toutes les actions et réalisations des années 70. Des thèmes toujours actuels, intégrés dans la responsabilité sociétale, et liés aux évolutions du monde contemporain.

A la connaissance de son sujet par l’expert répond le savoir-faire des acteurs. L’un garantit la pertinence de l’approche, évite la caricature ou l’approximation. Les autres illustrent, montrent, font passer le message autrement que par le discours savant.

Comme tout outil pédagogique, le théâtre est mis au service d’un objectif défini au préalable et tenant compte du public auquel il s’adresse.

Plutôt que d’un outil, nous devrions plutôt parler d’une boîte à outils : en effet, selon l’objectif et le thème de la formation, nous l’utilisons pour faire découvrir, faire prendre conscience, faire débattre, faire réfléchir, avec souvent comme but ultime de faire changer…. Dans tous les cas, il importe de permettre aux apprenants de s’identifier aux personnages joués, pour faire écho à des situations vécues ou rencontrées. Cela libère la parole, facilite la mémorisation, permet d’expérimenter sans risque des solutions nouvelles. Cela renouvelle l’intérêt pour la formation.

Cette complémentarité des émotions et de la raison, du théâtre et de l’expert, est devenue une évidence pour Decommedia et Isotélie au fil du temps et nous sommes heureux d’accompagner ensemble les organisations sur la longue route de l’égalité professionnelle et de la diversité. Et c’est pourquoi Isotélie est ravie de s’associer à la matinée proposée à l’occasion des 20 ans de Decommedia.

L’évènement se déroulera le jeudi 8 décembre de 8h30 à 11h00 à la Comédie Bastille (5 Rue Nicolas Appert, 75011 Paris – métro Bréguet-Sabin ligne 5 ou Chemin Vert ligne 8). A cette occasion, seront présentés le théâtre d’entreprise et les nouveautés 2017. Pour venir cliquez ici : Je serai des vôtres

20-ans-decommedia

Non à la dictature des % !

Oui aux chiffres et aux faits, à condition de bien les comprendre ! Les informations regorgent de chiffres mais hélas surtout de pourcentages, une notion pas facile à bien interpréter.

Exemple : on peut imaginer que le déficit du budget de l’Etat français ne serait pas si important si, au lieu de parler depuis des années de 3 ou 4% du P.I.B (dont on ignore aussi la signification), on disait tout simplement

  • Recettes = 282 milliards d’euros
  • Dépenses = 370 milliards d’euros
  • Déficit = 88 milliards d’euros *

Dès l’enfance, on comprend qu’on ne peut pas (longtemps) dépenser plus que l’on ne gagne sans conséquences.

Et le % pertinent ici c’est 88 divisé par 282 soit 31% : et oui, le déficit représente un tiers des recettes. C’est autre chose que 3% du PIB, ce petit 3 qui ne fait pas peur…

Dans d’autres cas, on ne sait plus à quoi se réfère le %

Exemple : il y a x% de femmes cadres est-ce que cela veut dire que sur 100 femmes, il y a x cadres ou que sur 100 cadres, il y a x femmes ?

En pratique, en France, 13% des femmes actives sont des cadres (contre 19% des hommes) et 39% des cadres sont des femmes (les hommes étant les 61% restants) **pourcentageEt pourtant, parfois, on manque de chiffres.

J’ai déjà évoqué le cas de la médecine (19 juin 2015 – Chiffre du jour) : ignorer que la majorité des nouveaux diplômés sont des femmes n’aide pas à résoudre le problème de leur installation dans les déserts médicaux. La disparition progressive des pharmacies en milieu rural vient peut-être aussi en partie du fait que 67% des pharmaciens sont des pharmaciennes. « La féminisation de la profession n’est pas un phénomène nouveau. Elle est particulièrement marquée dans la section des pharmaciens adjoints (81 %) et celle des pharmaciens hospitaliers (75 %) […] Seulement 30% des étudiants choisissent actuellement la filière officine (auparavant 60 à 70 %).» ***

De manière plus générale, penser mobilité géographique des individus sans prendre en compte leur situation familiale – en couple, seul avec des enfants, en charge de parents âgés, en garde alternée, etc…–  est une aberration.

Pour accompagner la prise des bonnes décisions, l’idéal est donc de disposer des chiffres pertinents et de savoir les interpréter.

* Chiffres 2012 – source Ministères.

http://www.economie.gouv.fr/files/plf2014-essentiel.pdf

** Source INSEE Références – Regards sur la parité

*** Chiffres 1er janvier 2016 – source Ordre des pharmaciens.

http://www.ordre.pharmacien.fr/Le-pharmacien/Le-metier-du-pharmacien/La-demographie-des-pharmaciens2