Proposer des solutions est plus difficile qu’analyser une situation. Anne-Marie Slaughter n’échappe pas à cette difficulté. De plus, une partie des pistes proposées ne vaut que pour les Etats-Unis, dans lesquels les congés maternité payés ne sont pas généralisés, ni notre système d’école maternelle gratuite ni d’autres dispositifs en faveur des familles.
Des éléments de cette réflexion restent utiles : par exemple profiter des possibilités des NTIC et des nouveaux modes de contractualisation pour inventer d’autres modes de travail et de conciliation. Anne Marie-Slaughter évoque une continuité de vie versus une fragmentation famille / travail ou « caregiver / breadwinner ». Elle propose aussi des parcours de carrière (plus longue) moins homogènes, avec des phases de fort investissement professionnel et des phases dans lesquelles le travail n’est qu’une part plus relative, voire nulle, de notre vie.
Comme d’autres avant elle, elle suggère également aux femmes de « lâcher prise » sur l’éducation des enfants et l’intendance domestique en autorisant leurs compagnons non pas à « les aider » mais à prendre totalement en charge « à leur manière », en leur supposant autant de compétences en ce domaine qu’à elles-mêmes.
Néanmoins, ces nouvelles modalités de travail ne sont pas ouvertes à tous : nous retrouvons la fracture du temps et du lieu déjà évoquée ici entre ceux qui peuvent travailler n’importe où et n’importe quand et ceux qui sont tenus, de par interaction avec des personnes – hôpital, restaurant, etc… – ou des machines – lieux de production – de travailler dans des lieux (et des horaires) fixes. C’est sans doute ce défi qui reste à relever.
Nous avons commencé une étude sur la proportion de métiers, ainsi que de femmes et d’hommes, concernés par cette obligation de temps et de lieu : toute information sur le sujet, source documentaire ou autre, est la bienvenue. Ecrivez à contact@isotelie.com.
Source : livre “Unfinished Business: Work, Family, Women, Men” Anne-Marie Slaughter – Random House New York 2015