Comment faire pour que femmes (et hommes) puissent « tout » avoir ?

Proposer des solutions est plus difficile qu’analyser une situation. Anne-Marie Slaughter n’échappe pas à cette difficulté. De plus, une partie des pistes proposées ne vaut que pour les Etats-Unis, dans lesquels les congés maternité payés ne sont pas généralisés, ni notre système d’école maternelle gratuite ni d’autres dispositifs en faveur des familles.

Des éléments de cette réflexion restent utiles : par exemple profiter des possibilités des NTIC et des nouveaux modes de contractualisation pour inventer d’autres modes de travail et de conciliation. Anne Marie-Slaughter évoque une continuité de vie versus une fragmentation famille / travail ou « caregiver / breadwinner ». Elle propose aussi des parcours de carrière (plus longue) moins homogènes, avec des phases de fort investissement professionnel et des phases dans lesquelles le travail n’est qu’une part plus relative, voire nulle, de notre vie.

Comme d’autres avant elle, elle suggère également aux femmes de « lâcher prise » sur l’éducation des enfants et l’intendance domestique en autorisant leurs compagnons non pas à « les aider » mais à prendre totalement en charge « à leur manière », en leur supposant autant de compétences en ce domaine qu’à elles-mêmes.

Néanmoins, ces nouvelles modalités de travail ne sont pas ouvertes à tous : nous retrouvons la fracture du temps et du lieu déjà évoquée ici entre ceux qui peuvent travailler n’importe où et n’importe quand et ceux qui sont tenus, de par interaction avec des personnes – hôpital, restaurant, etc… – ou des machines – lieux de production – de travailler dans des lieux (et des horaires) fixes. C’est sans doute ce défi qui reste à relever.

Nous avons commencé une étude sur la proportion de métiers, ainsi que de femmes et d’hommes, concernés par cette obligation de temps et de lieu : toute information sur le sujet, source documentaire ou autre, est la bienvenue. Ecrivez à contact@isotelie.com.

Family and money

famille – travail – caregiver – breadwinner

Source : livre “Unfinished Business: Work, Family, Women, Men” Anne-Marie Slaughter – Random House New York 2015

Pourquoi les femmes ne peuvent-elles toujours pas « tout » avoir ?

« Unfinished Business » : un livre qu’Anne-Marie Slaughter a publié en 2015 sur le travail, la famille, les femmes, les hommes, faisant suite aux très nombreuses réactions suscitées par un article qu’elle avait écrit en 2012 dans The Atlantic et intitulé « Why Women Still Can’t Have It All ».

Anne-Marie Slaughter n’est pas très connue en France. Elle dirige actuellement une Fondation appelée « New America » après avoir été professeur à Princeton, Chicago et Harvard. Sa spécialité est le droit international. L’idée de l’article puis du livre lui est venue d’après son expérience : après 2 ans dans un poste auprès du Secrétariat d’Etat tenu par Hillary Clinton en 2009, elle a quitté  Washington à cause de ses enfants, restés à Princeton avec son mari.

Dans une 1ère partie, elle développe 3 « demi-vérités » concernant les femmes :

  1. Vous pouvez tout avoir si vous êtes suffisamment engagée professionnellement
  2. Vous pouvez tout avoir si vous choisissez le bon compagnon
  3. Vous pouvez tout avoir si vous planifiez les choses dans le bon ordre

Pour finir par transformer la phrase en « vous pouvez tout avoir… mais pas au même moment »

Puis 3 autres concernant les hommes :

  1. Les hommes non plus ne peuvent pas tout avoir
  2. Les enfants ont besoin de leur mère (sous-entendu « encore plus » besoin) – la fameuse « caregiver »
  3. Le rôle de l’homme est de pourvoir aux besoins (de sa famille) – le fameux « breadwinner »

Dans une 2ème partie, elle compare le monde des affaires et le domaine de la famille : « competition » versus « care » avec des questions comme « gérer et produire de l’argent est-il réellement plus compliqué que d’élever des enfants ? ». Et le cercle vicieux des professions du « care » : sous-valorisées parce qu’exercées par des femmes ou exercées par des femmes car sous-valorisées ?

Elle prend en compte également l’hétérogénéité – soulevée aussi dans nos débats français – de la situation des femmes : entre les plus diplômées qui luttent contre le plafond de verre et tentent de concilier carrière et vie familiale d’une part ; et les peu qualifiées, parfois seules à élever leurs enfants, qui se débattent dans une précarité tout autre, et dont les emplois demandent souvent une autre forme de flexibilité contrainte (horaires décalés, temps partiel subi).

Dans un prochain article, les pistes de réflexion et de solution qu’elle suggère.

Anne-Marie Slaughter Unfinished Business

Unfinished Business par Anne-Marie Slaughter – Random House Editions – New York – 2015

Dormir plus, un moyen simple et économique pour lutter contre le stress

Nous dormons en moyenne 1 heure de moins par 24h qu’il y a 50 ans. Notre organisme n’a évidemment pas « muté » durant cette période et le manque de sommeil est une source connue d’impacts négatifs, que ce soit sur la santé, la qualité de vie, les capacités cognitives, l’humeur, les relations, etc…

[…] Les Français dorment en moyenne 8h30 par jour, mais ils dorment de moins en moins : moins 10 minutes entre 1986 et 1999 puis encore moins 13 minutes entre 1999 et 2010 […]

Extrait de enquête sur les temps de vie de l’INSEE

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1377#inter1

A noter que les femmes dorment 13 minutes de plus que les hommes (tous âges et situations confondus).

La qualité de notre sommeil est également en jeu : à chacun de (re)devenir plus attentif aux signaux de l’endormissement et à se préparer au sommeil dans l’heure qui précède.

Le manque de sommeil et de sa qualité est encore plus patent chez les adolescents. Autant l’on ne peut que se féliciter de bénéficier de toutes les possibilités qu’offrent smartphones, réseaux sociaux et autres « NTIC » pour nous faciliter la vie et les relations, autant – prenant le risque de passer pour totalement rétrograde – il faut insister sur la nécessité de couper tous ces moyens de communication durant la nuit pour garantir un sommeil sans interruption externe.

Et le prétexte souvent donné – la fonction réveil du téléphone – peut facilement être contourné : les bons vieux réveils existent encore, et de plus perfectionnés sont arrivés – par la lumière, la musique et même l’odeur du café !

 

REVEILS recherche images Google

résultats de la recherche « réveil » dans Google images

Et certes, nous avons beaucoup à faire, mais moins que nos prédécesseurs d’il y a 50 ans : nous avons surtout beaucoup plus de sollicitations. Ainsi :

[…] D’après une étude menée par l’INSEE, les Français passent de plus en plus de temps devant un écran (téléphone, télévision, console, ordinateur) ce qui nuirait fortement au sommeil. La lumière dégagée par ces écrans stimule le cerveau et retarde la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil. L’endormissement se trouve ainsi retardé et la qualité du sommeil nettement dégradée.

Pour bien faire, il s’agirait alors de quitter un écran ou d’arrêter toute activité stimulante 30 minutes avant d’aller dormir […]

Extrait de http://www.assureurs-prevention.fr/sites/jcms/p1_669634/fr/les-francais-ont-perdu-une-heure-de-sommeil-en-50-ans?cc=pb_5236

[…] L’enfant, l’adolescent, le travailleur en horaires décalés, mais aussi toute personne sur le long terme, a besoin d’une quantité incompressible de sommeil de bonne qualité, en deçà de laquelle la santé et les capacités de travail ou d’apprentissage sont mises en cause […]

Extrait de http://tnova.fr/rapports/retrouver-le-sommeil-une-affaire-publique

Rapport cité aussi dans http://www.institut-sommeil-vigilance.org/category/actualites

L’auteure de ces lignes garantit ne posséder aucun intérêt particulier à la vente de réveils.

Et vous, travaillez-vous dans un univers mixte ?

Retour au gynécée… ou comment mon univers professionnel a basculé d’un monde d’hommes à un monde de femmes.

D’accord, j’ai fait fort pour commencer : 27 filles sur un campus de 800 étudiants en 1976.

Puis un monde professionnel, l’informatique à la fin des années 70, où les femmes présentes étaient majoritairement des secrétaires ; parmi les ingénieures technico-commerciales et commerciales, les femmes représentaient environ 10% des effectifs. Lente progression pour arriver au début des années 2000 à 30% environ.

En créant Isotélie en 2003, je bascule – sans le savoir – dans un monde de femmes : consœurs consultantes en égalité professionnelle, interlocutrices des ressources humaines chez mes clients entreprises, associations ou collectivités territoriales, partenaires formatrices et coachs, scientifiques auxquelles je me réfère – sociologues, historiennes, etc… spécialistes des études de genre… A quelques rares exceptions près, que des femmes.

Et cette expérience éternellement renouvelée ; lorsque dans des rencontres professionnelles je dis ce que je fais, à savoir de l’« égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » :

  • les femmes me répondent systématiquement, et sans plus d’explications de ma part, « vous devez avoir beaucoup de travail ! »
  • et les hommes me regardent d’un air dubitatif ou interrogateur : visiblement ils ne comprennent pas de quoi je parle, voire semblent gênés, comme si j’avais prononcé des paroles osées.

Cela ne devrait pas m’étonner : les dernières statistiques montrent qu’un sixième seulement de la population active exerce un métier mixte en France. Les autres sont dans des métiers exercés à très grande majorité par des femmes ou à l’inverse par des hommes.

Diverse People Social Networking and Empty Speech Bubbles

Et vous, travaillez-vous dans un univers mixte ?