Absence de mixité = danger ? 3ème partie l’enseignement

Deux sujets font polémique : l’éventuelle dévalorisation du métier d’enseignant et l’impact de l’absence de mixité du corps enseignant.

La parité dans le corps enseignant date des années 60. Depuis, ce ne sont pas uniquement les femmes qui ont massivement choisi ce métier, ce sont aussi les hommes qui l’ont fui.

Pourtant, dire que féminisation = dévalorisation, c’est oublier l’importante croissance du nombre total d’enseignants : quand tous les enfants vont en 6ème au lieu de s’arrêter au niveau du certificat d’études, quand l’obligation scolaire passe de 14 à 16 ans, quand 80% d’une classe d’âge est supposée arriver en Terminale, il faut beaucoup plus de professeurs que quand 2% d’une classe d’âge passe le bac !

Concernant l’impact de l’excessive féminisation du corps enseignant sur la réussite scolaire différenciée des filles et des garçons, je me permets de citer ici un large extrait de l’intervention de Jean-Louis Auduc.

Teacher and student

[…] Les différences d’identification des femmes : métiers « visibles », métiers « invisibles »

Notre société doit s’interroger sur le fait qu’aujourd’hui , entre 2 et 18 ans, les jeunes ne vont rencontrer pour travailler avec eux que des femmes : professeurs ( 80,3% de femmes dans le premier degré ; 57,2% de femmes dans le second degré, BTS et classes prépas inclus), chefs d’établissements, assistantes sociales, infirmières, médecins généralistes, employées de préfecture ou de mairie, voire juges, tous ces métiers sont très majoritairement féminins. Au fond, les seuls métiers masculins de proximité sont les policiers…

On peut penser que les filles se dirigent plus spontanément vers des métiers identifiés pendant la scolarité, visibles pendant le déroulement de celle–ci et qu’elles ont des difficultés à se diriger vers des métiers invisibles. Si l’employée de mairie ou de préfecture est une femme, généralement le secrétaire général de la mairie ou de la préfecture est un homme, mais ceux-là le public ne les voit jamais…

Enseignants, assistants sociales, médecins, infirmières sont des métiers vus pendant la   scolarité auxquels les filles peuvent s’identifier et qui peuvent donner pour y parvenir du sens à leurs études et jouer un rôle important dans leur motivation. Elles construisent donc un cursus scolaire adapté au métier choisi.

A l’inverse, les garçons se projetant peu vers l’avenir ne s’identifient pas à des métiers. Ils ne trouvent pas dans leur environnement de métiers masculins visibles dans lesquels ils peuvent s’identifier. Cette situation peut entraîner un fort décrochage scolaire masculin vers 15/16 ans qui n’existe absolument pas chez les filles.

Les seuls garçons qui « surnagent », en proportion bien moins importante que les filles, sont les garçons qui font le choix d’aller le plus loin possible dans l’école sans se préoccuper d’un métier à priori identifié. Ils « trustent » les écoles qui ne conduisent pas à un métier précis, mais ouvrent des portes. Ils sont en moins grand nombre que les filles, mais ayant franchi la question de la « visibilité » de l’emploi, ils sont prêts à occuper les emplois « invisibles » de cadres ou de « managers ».[…]

Sources

Poignant Raymond. La planification de l’expansion de l’enseignement en France.In: Tiers-Monde. 1960, tome 1 n°1-2. La planification de l’éducation et ses facteurs économiques et sociaux. Colloque international de Paris (9-18 décembre 1959) pp. 208-220. doi : 10.3406/tiers.1960.1199

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1960_num_1_1_1199

Filles et garçons dans le système éducatif français, une fracture sexuée par Jean-Louis Auduc (ancien directeur IUFM Créteil)

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/pages/130307fillesetgarconssysteducfr.aspx

par fjarraud , le mardi 13 mars 2007.

 

 

Absence de mixité = danger ? 2ème partie la magistrature

Les élèves de l’école de la magistrature sont à 80% des filles depuis au moins une dizaine d’années.

Les condamnés restent à plus de 90% des hommes.

Les professionnels assurent que le jugement porté reste équitable et indépendant du sexe du magistrat.

Les recherches en psycho-sociologie sur les stéréotypes prouvent l’influence des critères de sexe, d’âge, d’apparence physique etc… sur la formation de notre opinion sur les personnes, de manière involontaire. D’ailleurs, dans les procès aux assises, accusation et défense peuvent révoquer des jurés s’ils pensent que ceux-ci risquent d’être défavorables à leur cause, se basant sur des critères de sexe, d’âge, de profession, etc..

L’impartialité a été étudiée dans le cas des affaires judicaires familiales.

On aimerait plus d’études sur l’ensemble de la justice.

On se demande aussi comment attirer les jeunes hommes vers les études de droit (64% de filles en Droit et Sciences Politiques en 2013) puis vers la carrière de la magistrature.

Pour aller plus loin :

Sites

Administration pénitentiaire, présentation et statistiques : http://www.justice.gouv.fr/prison-et-reinsertion-10036/

Ecole nationale de la magistrature : http://www.enm-justice.fr/

Livre

La féminisation des métiers de justice, Economica 2011 étude multidisciplinaire sous la direction de Mustapha Mekki – Laboratoire de sociologie juridique (CNRS)

Articles

Sciences Humaines http://www.scienceshumaines.com/des-papas-leses_fr_30644.html

Lien social et politique, n° 69, 2013 : « Résidence alternée : la justice face aux rapports de sexe et de classe » Céline Bessière et al.

Sociologie du travail, 2013 « Le juge est (souvent) une femme. Conceptions du métier et pratiques des magistrates et magistrats aux affaires familiales ». Céline Bessière et Muriel Mille.

Le Point http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/justice-les-femmes-sont-elles-des-juges-comme-les-autres-25-02-2012-1435061_56.php

mekki-feminisation

Absence de mixité = danger ? 1ère partie la médecine

3 professions se féminisent sans que les conséquences éventuelles en soient clairement évaluées. En France, la croyance étant répandue que seuls l’Etat et la loi font changer les choses, nous sommes aveugles aux changements qui se produisent « naturellement » c’est-à-dire plutôt sous des influences variées qui constituent le « système » dans lequel nous vivons.

La situation en médecine inspire plusieurs questions :

1) Autant de filles que de garçons obtiennent un bac S : en médecine, les filles sont 63% des étudiants, en écoles d’ingénieur 27% (rentrée scolaire 2013).

Des actions existent depuis plus 20 ans pour faire mieux connaître les métiers d’ingénieurs auprès des filles.

Peut-être faudrait-il faire redécouvrir les carrières médicales aux garçons ?

2) Quel impact éventuel cette féminisation pourrait avoir sur la pratique médicale ?

Exemples :

On se plaint de la mauvaise répartition des médecins en milieu rural. A-t-on regardé si le problème ne venait pas en partie de l’insuffisance d’emplois locaux pour les compagnons des femmes médecins ? Ils n’ont pas tous vocation à devenir « homme au foyer » ou « secrétaire médical » de leur compagne.

La répartition entre les différentes spécialisations est-elle influencée par cette féminisation : par exemple la baisse de 24,7% en chirurgie depuis 2009 ?

Avez-vous identifié des recherches françaises ou européennes sur cette question ?

Le JACD (Journal de l’Association Dentaire Canadienne) a publié cette étude en 2012 : la féminisation de la dentisterie – répercussions sur la profession

Julia C. McKay, PhD; Carlos R. Quiñonez, DMD, MSc, PhD, FRCD(C) Référence : J Car Dent Assoc 2012;78 :C1_f Site : http://www.jcda.ca/fr/about_jcda/

filles garçons Educ Nat 2015

Sources

Education Nationale – chiffres rentrée 2013 parus en mars 2015

http://www.education.gouv.fr/cid57113/filles-et-garcons-sur-le-chemin-de-l-egalite-de-l-ecole-a-l-enseignement-superieur.html

Conseil de l’Ordre des médecins – atlas de la démographie médicale 2015 + réponses aux idées reçues

http://www.conseil-national.medecin.fr/node/1607