J’ai franchi la porte du 96 rue Réaumur le 1er septembre 1976, alors haut lieu d’IBM avec ses salles machine en vitrine. 40 ans plus tard, quelles différences dans le monde du travail ?
Ce qui a changé
- Accélération des échanges : leur temps se mesurait en jours (voie postale), c’est maintenant en minutes (SMS, emails, appli et sites Internet).
- Rythme : on travaillait 40 heures par semaine et on n’avait que 4 semaines de congés par an ; et pourtant, le rythme semblait moins intense, ou du moins plus irrégulier : à des périodes de forte activité (projet, appel d’offres, annonce de nouveau produit,…) succédaient des temps morts (voir article du 20 octobre 2015 sur leur bienfait). On dirait qu’aujourd’hui, on ne s’arrête jamais ! (voir Post-Scriptum ci-dessous).
- Moyens de communication: en 1976, nous avions un combiné téléphonique pour 2 ingénieurs (ligne fixe bien sûr) mais déjà un terminal dit passif par personne (le PC n’est arrivé qu’un peu plus tard).
- Habillement: le formalisme a fortement diminué, finis les ingénieurs commerciaux IBM en costume 3 pièces et chemise blanche, la cravate ne se porte plus tous les jours mais en fonction des circonstances et des milieux professionnels.
- Media: la 3ème chaîne de télévision française est créée en 1972, le monopole de Radio France cesse en 1981, le journal papier est concurrencé par le numérique et l’explosion d’Internet. La quantité est énorme et impossible à appréhender. Qu’en est-il de la qualité ? A chacun de se faire juge…et de développer l’esprit critique de nos enfants… !
Ce qui a peu ou moins changé – exemple des moyens de transport
- L’avion – Roissy 1 fut inauguré en 1974. N’en déplaise aux avionneurs et compagnies aériennes, les progrès en ce domaine sont moins frappants que dans d’autres !
- Le RER B a remplacé la ligne de Sceaux en 1977, le réseau est plus grand mais reste sous-dimensionné par rapport aux besoins
- Le périphérique parisien date de 1973, les voitures sont plus sûres mais les embouteillages n’ont pas disparu…
Les questionnements
Qu’en est-il de la situation respective des femmes et des hommes ?
A mon arrivée chez IBM, j’ai découvert une enquête interne sur les femmes réalisée en mai 1976. Je venais moi-même de la 1ère promotion mixte d’HEC (Jouy en Josas, comme nous disions alors, pour nous distinguer d’HECjf qui fermait ses portes et dont nous fêtons le centenaire de la création). Beaucoup de choses ont changé tant sur le plan pratique que dans les esprits (voir par exemple article du 20 mars 2014). Et beaucoup reste à faire…
Les hommes aussi ont gagné en 40 ans, plutôt sur le plan familial : le congé paternité de 11 jours, la possibilité du congé parental, la garde alternée…mais le stéréotype du « bred winner » a-t-il pour autant disparu ?
Et les relations de travail ?
Les éléments de preuve (comme les faits et dates cités ci-dessus) sont moins faciles à trouver.
En positif, il me semble que les relations sont plus informelles.
En négatif, j’ai l’impression que le vocabulaire quotidien s’est dégradé, en particulier chez les « élites » – journalistes, dirigeants d’entreprise, personnalités politiques et « intellectuelles ». Toutefois, la lecture des débats parlementaires des 2 siècles précédents pourrait me faire revoir mon jugement, les « noms d’oiseaux » et autres invectives y abondaient déjà.
P.S. deux mois de silence sur le réseau….
Par choix personnel, j’ai privilégié en juillet et août ma famille (dont les expatriés reviennent en France l’été) et laissé un silence de 2 mois s’installer dans LinkedIn et sur ce blog.
Le réseau ne m’a pas oubliée : une quarantaine de demandes de contact, une vingtaine de félicitations pour les 14 ans d’Isotélie (la société a été créée en mars 2013 mais c’est en juillet 2002 que j’ai quitté IBM), plus de cent demandes d’adhésion au groupe Egalité Professionnelle (j’y reviendrai)….
Il est vrai que cette période a été abondante en actualités tristes (attentats), questionnantes (vote du Brexit, candidats des élections présidentielles américaine et française), sportives (Euro 2016, Jeux Olympiques), religieuses (JMJ à Cracovie) etc… avais-je besoin d’y ajouter mon grain de sel ?
Jerôme Ferrari, qui arrête sa chronique hebdomadaire dans La Croix, l’a bien exprimé : « pouvoir me taire lorsque je n’ai rien à dire est un luxe auquel je ne peux me résoudre à renoncer tout à fait » La Croix lundi 4 juillet 2016