…et reconnaître que l’identité de chacun est plus complexe qu’une segmentation en critères.
Depuis les 3 articles publiés ici en octobre 2013 est parue une étude de la DARES sur 80 accords Diversité dont je me permets de citer un large extrait de la conclusion, tant ce texte d’Hélène Garner et Magali Recoules me semble éclairer le débat. Qu’elles en soient remerciées.
« La question de la place de l’égalité professionnelle et de son « intérêt » à être intégrée (voire diluée pour certains) dans la diversité fait l’objet de débats dans le monde académique (Laufer, 2009 ; Sénac, 2011).
Ces débats renvoient notamment à la question des objectifs des politiques d’égalité professionnelle versus ceux des politiques de diversité et aux risques qui pourraient être associés à un recouvrement du genre sous la bannière diversité (dilution, abandon de l’approche intégrée, et valorisation des qualités dites féminines conduisant à renforcer les stéréotypes).
A l’issue de l’analyse des 80 accords diversité, la réponse est claire : l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes n’est pas une composante périphérique des accords diversité, elle en est plutôt la composante centrale, voire unique. L’égalité entre les femmes et les hommes s’inscrit parfaitement dans cette logique d’égalité des chances qui prévaut dans la diversité.
Par contre il n’est pas évident qu’elle gagne à y être intégrée (Laufer, 2009). Les accords diversité ne présentent pas une approche intégrée de l’égalité entre les hommes et les femmes (logique de mainstreaming) mais ils en font un composant à part ; l’égalité entre les femmes et les hommes semble être dans ces accords une diversité comme les autres et, même si elle est mieux outillée que les autres composants, son caractère universel ne transparait pas.
Les accords sont tous construits sur une approche isolée des composants, le sexe en étant une parmi d’autres, sans que la question des effets cumulés de ceux-ci (renvoyant à l’identité plurielle des individus) ne soit posée. Aucun accord n’aborde par exemple la question du cumul des critères qui renvoie à des logiques d’inégalités spécifiques. Ainsi, la question des femmes d’origine étrangère ou des femmes seniors ne peut être traitée dans des accords qui découpent l’identité des individus par dimension, dimension qui ne correspond qu’à une partie de leur identité.
Ceci renvoie à une réflexion plus large, mais qui doit être menée conjointement à celle sur la diversité, sur l’identité des individus et la manière dont doivent être ou non prises en compte leurs multiples dimensions dans le cadre professionnel. »
© DARES – Hélène Garner, Magali Recoules. Document d’études N°182 – Juin 2014 – Égalité, diversité, discrimination : Étude de 80 accords d’entreprise sur la diversité. Extrait de la conclusion page 47
Téléchargeable sur :
travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Etude_accords_diversite.pdf