Légitimité ?

Cela veut dire quoi « être légitime » pour défendre une cause ? Ne faut-il pas renverser la question et se demander si c’est la cause qui doit être légitime et non pas la personne qui la défend ?

« en tant qu’homme « non racisé », je ne suis pas légitime pour m’exprimer sur le racisme et le féminisme ». Cette réflexion d’un lycéen de 16 ans relevée par La Croix de ce  12 juin pose une vraie question.

Cela fait écho aux échanges entendus lors des formations que j’ai animées sur la prévention des discriminations, la diversité et l’égalité.

  • Peut-on « comprendre » ou « accompagner » le handicap si l’on ne le subit pas soi-même ?
  • Et pourquoi depuis plus de 10 ans essaie-ton d’embarquer les hommes dans les mouvements d’égalité entre les femmes et les hommes ?
  • Ou encore faut-il être senior pour défendre ce groupe d’âge ?

Etc…

Nos lois accumulent les critères potentiels de discrimination : âge, sexe, origine, handicap, état de santé, opinions politiques, activités syndicales, croyances religieuses, orientation sexuelle, apparence physique,…etc…. ; chacun peut se trouver ainsi « discriminé » selon un ou plusieurs critères. Mais chacun est aussi « discriminant »…même si c’est plus difficile à accepter…

Si l’on s’éloigne de la discrimination pour évoquer les domaines social, économique et politique : cela voudrait dire qu’un intellectuel comme Jean-Paul Sartre n’était pas légitime à défendre la cause ouvrière… ce que certains lui ont dit sans doute à l’époque…

Cette pente de la question de la légitimité me semble dangereuse ; elle nie toute possibilité d’empathie entre deux êtres humains par définion différents ; ou le droit à agir pour défendre une cause indépendamment de sa situation personnelle.

C’est la cause qui est légitime, pas la personne qui la défend.

En illustration, quelques logos de la charte de la diversité dans différents pays européens.