Deux petites chaussures rouges et un conseil sur la prise de décision à garder précieusement

Le hasard d’un rangement dans la bibliothèque m’a fait retrouver un livre qui m’a beaucoup marqué mais dont j’avais oublié le nom de l’auteur – Maria Housden – et le titre – le cadeau d’Hannah.

Il me restait le souvenir d’un livre émouvant lu d’une traite un dimanche après-midi, non sans quelques larmes puisqu’il s’agit du récit de vie d’Hannah, décédée d’un cancer à 3 ans, par sa maman.

Mais le plus marquant souvenir que j’en ai gardé est « la règle du docteur Markoff » que je partage avec vous.

S’adressant aux parents il leur dit :

[…] Il va falloir que vous preniez toutes sortes de décisions à partir de maintenant ; des décisions que vous serez seuls à pouvoir prendre. Certaines feront qu’Hannah vivra ou mourra. Le meilleur conseil que je puisse vous donner est celui-ci « Prenez la meilleure décision possible en fonction de l’information que vous avez à ce moment-là »

« A ce moment-là » c’est ce qui compte.

Vous allez comprendre ce que je veux dire. Vous pouvez devenir fous si vous vous dites : « si seulement nous avions su ceci ou cela ! » Mais justement, vous ne saviez pas ! Alors répétez-vous seulement cela : « nous avons fait pour le mieux, avec ce que nous savions ! nous avons fait pour le mieux, avec ce que nous savions ! » […]

Titre : Le cadeau d’Hannah

Auteur : Maria Housden

Editeur américain : Bantam Dell « Hannah’s gift – Lessons from a life fully lived » New York 2002

Editeur français : Presses de la Renaissance Paris 2004

Traduction et présentation : Marie de Hennezel

Plus de femmes dans les COMEX et les CODIR ?

Comme chaque année je vous propose un bilan de la présence des femmes dans les CODIR.

Sujet revenu d’actualité avec le bilan de la loi Coppé-Zimmermann sur les quotas dans les Conseils d’Administration et le projet d’un équivalent dans les COMEX, malgré la difficulté de les définir.

En 2020 comme durant les 3 ou 4 années précédentes, c’est la stagnation qui domine.

Certes à un niveau plus élevé qu’auparavant : environ 30% de femmes dans des CODIR dont la taille s’est accrue avec une moyenne de plus de 9 managers contre à peine 7 il y a 15 ans. Mais on voit la limite de cette extension qui a permis de faire entrer des femmes sans chasser des hommes ; pour arriver à  50 % de femmes, cela donnerait des CODIR de 12,6 managers, cela devient ingérable ; même si plusieurs CODIR comprennent déjà 13, 14 et même 15 personnes.

Autre stagnation, la répartition dans les fonctions occupées par les femmes : toujours 40% dans les Opérations versus 60% dans les fonctions Support. Un rééquilibrage s’impose avec l’arrivée d’hommes dans les RH, la Communication, le Marketing et la Direction de Business Units et autres Opérations pour les femmes.

Autre constante, la quasi disparition des CODIR sans aucune femme : 1 seul en 2020 ; et aussi la lente montée du nombre d’entreprises ayant 50% et plus de femmes : 4 en 2020 – le même chiffre depuis 5 années.

Il semble bien qu’on ait atteint un palier-plancher à 30% qu’il sera difficile de dépasser par une évolution « naturelle ».

Source des données : rubique Etat Major du magazine Le Point depuis 2005.

Un optimisme du cœur

En 2021, je continuerai à poster des informations positives ou faisant réfléchir – en évitant les polémiques stériles et les nouvelles négatives – il y en a assez comme ça.

Un grand merci aux 2 journaux nationaux quotidiens qui m’alimentent chaque jour et dont je ne pourrais pas me passer, La Croix et Les Echos.

Merci aussi aux lecteurs qui suivent mon fil d’actualité.

Merci à l’émettrice de ce message qui m’a fait très plaisir : « merci pour vos partages positifs et toujours originaux, choisis. J’apprécie vos posts ! »

Voici les taux de lecture de mes « posts » : en 2020, une moyenne de 220 lecteurs pour chacun de mes 233 articles ; en 2019, c’était 249 pour 112 articles, le confinement m’a fait doubler mes publications. Mas l’écart-type est très important. Voici les 3 plus vus de 2020 :

2096   la présence au Conseil d’Administration de 5 femmes remarquables – Les Echos (17 août)

1746   l’évolution de l’image des filles – La Croix (13 juin)

1059   article de mon blog sur le sourire des yeux (8 novembre)

Et les 3 passés inaperçus – et qui auraient mérité mieux ?

19       Bouge ton coq, un mouvement citoyen pour aider les villages (8 avril)

18       Le succès de l’apprentissage – Les Echos (15 décembre)

10       Un article mentionnant une publication du CNRS (3 avril)

Bonne lecture et bien sûr bonne année !

Un optimisme de raison avec l’aide de Steven Pinker

Mon optimisme de base est allé à la recherche d’arguments et d’un défenseur de cet optimisme de raison. Je ne pouvais que me retrouver dans les démonstrations appuyées sur des données abondantes de Steven Pinker. J’avais reculé devant la version originale en américain et l’ai lu en français.

Voilà une idée de lecture qui pourra occuper utilement vos soirées d’hiver.

Je vous le recommande sans attendre de l’avoir terminé : plus de 500 pages qui aident à réfléchir sur le monde d’aujourd’hui – sans compter la bibliographie, les notes et les liens qui donnent envie d’aller plus loin.

Mais quel dommage que la traduction française du titre ait modifié son message :

Le titre américain

Enlightenment Now : The Case for Reason, Science, Humanism and Progress

est devenu en français

Le triomphe des Lumières : Pourquoi il faut défendre la raison, la science et l’humanisme.

Steven Pinker ne parle pas de « triomphe » et le « progrès » a disparu !

C’est pourtant la plus grande partie du livre avec des chapitres qui évoquent la santé, les inégalités, l’environnement, la paix, la sécurité, l’égalité des droits, la qualité de vie…des sujets vraiment d’actualité.

J’entends ceux qui diront que le livre est paru en 2018 et n’évoque pas l’année 2020 très particulière que nous vivons. Le sujet du livre reste d’actualité et embrasse des thèmes de long terme qui méritent notre attention.

Bonne lecture !

Sourire des yeux

C’était au printemps dans le TGV Paris-Angers. J’étais assise dans un « carré » et en face de moi s’est installé un jeune couple avec un bébé de…3 ou 4 mois peut-être ? Nous, les adultes, étions tous masqués. Pour le distraire et comme il semblait bien éveillé, le père avait posé le bébé allongé dans une couverture sur la table. Le bébé tournait la tête et regardait autour de lui. Nos regards se sont croisés. Derrière mon masque, je lui ai souri. Et en retour il m’a souri aussi, comme savent le faire les bébés. Le sourire de mes yeux lui avait suffi.

Le coup de fil pour rien…

En 1998 un client m’a demandé une formation de management à distance. Nous n’avions rien au catalogue et j’ai donc développé un 1er module que j’ai complété avec le temps.

En retour d’expérience, la pratique professionnelle rencontrant le plus de succès auprès des participants était ce que j’ai appelé « le coup de fil pour rien ».

Je m’explique.

Quand vous êtes manager d’une équipe située à proximité immédiate, vous avez plusieurs fois par jour l’occasion de croiser cos collaborateurs : vous pouvez leur demander si tout va bien sans être intrusif ou inquisiteur, votre porte est ouverte, bref eux et vous ont des occasions d’échanger de manière fluide.

Quand vous managez des collaborateurs qui sont chez eux, vous avez tendance à les appeler « pour quelque chose » : une réunion, une information dont vous avez besoin ou que vous leur relayez.

Les appeler « pour rien », c’est juste dire bonjour, prendre des nouvelles, redire que vous êtes là si besoin, sans être dans le contrôle.

Cela peut leur paraitre bizarre au début.

Cela se révèle précieux si vous tenez dans la durée – à vous de juger du rythme de ces appels.

Et qui devriez-vous appeler en 1er ? Pour une fois, ceux qui font bien leur travail, qui ne vous appellent jamais, qui ne vous posent pas de problème…car c’est peut-être pour eux que ce sera le plus utile !

Femmes invisibles ou le biais des données par Caroline Criado Perez

Ce livre sous-titré « démontrer le biais de données issues d’un monde conçu pour les hommes » permet un rappel toujours utile sur l’importance de séparer les données concernant les femmes et les hommes dans de nombreux domaines : médecine, architecture, urbanisme et transports, vie professionnelle, objets de la vie courante,…

Trop de décisions sont encore prises en référence, consciente ou non, à un humain « type » – en général un homme blanc, jeune, de taille et de corpulence moyenne et en bonne santé…– c’est-à-dire une toute petite partie de l’humanité. Les conséquences en sont parfois graves quand il s’agit de maladie ou d’accident (voir les chapitres sur les essais pharmaceutiques, les priorités dans le déneigement d’une ville ou lors de reconstructions après catastrophes, ou les mannequins des crash-tests des automobiles).

Les données ont pris encore plus d’importance avec le développement de l’intelligence artificielle et de l’économie numérique : trop d’algorithmes reposent sur des présupposés ne prenant pas assez en compte la diversité de l’humanité, et en particulier certaines différences entre femmes et hommes.

Caroline Criado Perez cite de nombreux exemples. Ils sont déjà bien connus de celles (et ceux) qui travaillent sur la question du genre depuis longtemps. Espérons qu’ils contribueront à convaincre d’autres décideurs.

On peut regretter que sur ce sujet il semble que chaque génération doive redécouvrir ce que les précédentes ont déjà mis en lumière – Caroline est née en 1984.

 

  • Le parking pour femmes enceintes, qu’elle réclame chez Google, figure déjà dans des accords d’entreprise – comme celui de Renault du 17 février 2004 : « Des places de parking réservées aux femmes enceintes, dont la grossesse est déclarée, sont mises en place sur chaque site de l’entreprise à proximité des lieux d’entrée et de sortie »
  • Les équipements de travail inadaptés à l’autre sexe. Caroline dénonce à juste titre l’absence d’équipements adaptés à la morphologie féminine dans certains métiers. En 2005 dans mon livre, je dénonçais qu’à l’opposé, les outils du nettoyage et du repassage ne soient pas adaptés à la taille des hommes : essayer de repasser sans vous faire mal au dos quand vous mesurez 1,80 m ou plus…sans parler des manches de balais ou d’aspirateurs… Que de moqueries j’ai dû affronter : et pourtant, ce sont encore des métiers exercés majoritairement par des femmes et le matériel n’a pas changé !
  • J’ai bien aimé le passage sur les pianistes : certains morceaux ont été écrits par des musiciens aux grandes mains. Christopher Donison a imaginé un clavier réduit aux 7/8 pour pouvoir les jouer.

 

Le livre

« Invisible Women – exposing data bias in a world designed for men » Caroline Criado Perez. Editions Chatto & Windus  London 2019.

Non traduit en français à ce jour. Les exemples du livre proviennent du monde entier mais surtout des Etats-Unis et du Royaume-Uni, tout en s’appliquant à d’autres pays dont la France.